La campagne des seize jours d’activisme contre les violences faites aux femmes édition 2021, a été marquée par deux activités majeures : l’accompagnement technique et financier des femmes survivantes et l’inauguration d’un « one stop center », destiné à accorder une prise en charge holistique aux victimes de violences basées sur le genre…
Tout a commencé le 25 novembre par une formation de cinquante (50) femmes victimes et survivantes des VBG en gestion des Activités génératrices de revenu. La plupart ont eu le courage de braver les interdits socio-culturels en dénonçant leurs bourreaux. Le lendemain 26 novembre, elles étaient à l’honneur au cours d’une cérémonie grandiose où leur bravoure a été saluée par les acteurs engagées dans la lutte pour les droits des femmes et des filles. Chacune d’elle a été gratifiée d’une enveloppe de cinquante mille francs pour renforcer ses activités économiques durement éprouvées par la crise sanitaire de la covid 19.
A cette occasion, le directeur de cabinet du MASPFA, a salué le courage d’une jeune fille de 13 ans, qui venait de dénoncer le surveillant de son école qui a pris la poudre d’escampette après l’avoir violée le mardi 16 novembre 2021 à Bafilo (région centrale). Il a témoigné à la victime et à toute sa famille, la proximité du gouvernement en cette épreuve terrible et a promis que justice leur sera faite. Koffi GANI a en outre estimé que « cette campagne est l’occasion renouvelée pour tous les défenseurs des droits des femmes à travers le monde, de démontrer leur engagement collectif et individuel et leur détermination à travailler ensemble contre toute forme de violation des droits des femmes et des filles ». Il a salué les avancées enregistrées (renforcement des engagements à tous les niveaux : état, partenaires techniques et financiers, société civile, leaders traditionnels, communautaires et religieux) et appelé à une synergie d’action autour des défis qui persistent (encouragement à la culture de la dénonciation, sensibilisation des femmes à connaître leurs droits et à s’adresser aux centres d’écoute et aux maisons de justice)…
L’innovation de cette édition aura été sans doute l’ouverture, le 9 décembre, veille de la clôture de la campagne, d’un ‘ one stop center’ au sein du centre médico-social d’Adidogomé, dans la périphérie nord-ouest de Lomé. Il s’agit d’une structure de prise en charge intégrée qui déploie sur place et au même endroit, des agents de l’action sociale, la santé, la police et la justice. C’est sur l’initiative de l’UNFPA. La représentante résidente, a confirmé que les violences basées sur le genre ne peuvent être affrontées que par une approche multisectorielle ; d’où « la nécessité d’offrir des services holistiques gratuits aux survivants qui sont souvent des personnes démunies ». En effet, pour Josiane Yaguibou, « la prise en charge des survivants dans un centre spécialisé ‘ one stop center ‘ leur permet de se sentir en sécurité, garantit la confidentialité et respecte le choix et les besoins des survivants ». Elle a lancé un appel aux autres partenaires à adhérer au projet, afin de faire de ce centre embryonnaire « un centre de référence doté de capacités élargies et éprouvées, pour servir au-delà des rayons immédiats d’Adidogomé… ». Des propos renchéris par la ministre enc harge de la promotion de la femme qui a invité les communautés à prendre le plus grand soin du centre afin de « susciter pourquoi pas, d’autres centres ». Adjovi Lolonyo Apedoh-Anakoma a motivé les uns et les autres à « répandre la nouvelle » de l’existence de ce centre, et « particulièrement des bienfaits que vise son implantation ». Elle a vivement saluée cette approche intégrée qui selon elle, « offre de multiples avantages à savoir : le facile référencement, la réduction du traumatisme, la garantie de la confidentialité, le meilleur suivi des survivantes, de même que leur sécurisation» , avant de finir son allocution par une annonce :
« La valeur ajoutée, c’est que ce One STOP Center vient renforcer le dispositif déjà existant à travers les 15 centres d’écoute déjà installés sur l’ensemble du territoire et qui sont spécialisés dans l’accompagnement psychosocial, médical et juridique des victimes. Ces centres accueillent plus de 2000 victimes de VBG par an. Dans le souci de rapprocher davantage ces structures d’accueil des communautés, le gouvernement compte rendre opérationnel 10 autres centres d’écoute d’ici à 2022. »
Les Violences Basées sur le Genre (VBG) constituent une violation grave des droits humains et une expression des inégalités sociales entre les hommes et les femmes dans le monde.
Les 16 Jours d’activisme contre la violence faite aux femmes et aux filles s’inscrivent dans le cadre d’une campagne internationale qui a lieu tous les ans. Organisée pour la première fois en 1991 par des activistes du premier Institut international pour le Leadership des femmes, cette campagne débute le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se termine le 10 décembre, Journée des droits humains.
Selon les dernières estimations, près d’une femme sur trois âgée de 15 ans et plus, partout dans le monde, a subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire intime, d’un non partenaire ou les deux, au moins une fois dans sa vie
Aussi, la pandémie de COVID-19 a-t-elle exacerbé tous les facteurs de risque pour la violence à l’égard des femmes et des filles, y compris le chômage et la pauvreté.
On estime que 11 millions de filles pourraient ne pas retourner à l’école à cause de la COVID-19 et se trouver ainsi encore plus à risque d’être victimes d’un mariage précoce. Selon ONU Femmes, les retombées économiques de la pandémie menacent de faire basculer 47 millions de femmes et de filles dans l’extrême pauvreté en 2021 , effaçant ainsi des décennies de progrès et perpétuant des inégalités structurelles qui renforcent la violence à l’égard des femmes et des filles.
Ces violences sont répandues dans toutes les couches sociales quel que soit le niveau d’instruction, la culture ou la religion et se rencontrent dans plusieurs lieux publics et privés (rue, école, travail, foyer). Elles brisent non seulement des familles, affaiblissent le tissus social, mais aussi, mettent en péril la santé, la dignité, la sécurité et l’autonomie des victimes. Elles ont parfois des conséquences graves sur la santé sexuelle et reproductive des victimes : grossesses précoces, et/ou non désirées, avortement dangereux, fistules traumatiques, infections sexuellement transmissibles notamment le VIH/SIDA, allant même au décès
Face à cette situation préoccupante de la vulnérabilité des femmes et des filles, le gouvernement togolais a développé une panoplie de stratégies parmi lesquelles l’on peut citer, à titre d’exemples, la mise en place, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers et les OSC, de mécanismes de dénonciation et de prise en charge en l’occurrence : la ligne verte allo 1011 ; les centres d’écoutes et de conseils des victimes de VBG ; les maisons de justice ou encore l’assistance virtuelle AKOFA .