VIH//SIDA : des cellules communautaires de veille contre la stigmatisation des femmes

VIH//SIDA : des cellules communautaires de veille contre la stigmatisation des femmes

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La ville de Tsevié (préfecture de Zio) a accueilli les 08 et 09 novembre 2021, une session de formation et de mise en place des cellules de veille et de lutte contre la stigmatisation et la discrimination des femmes et des filles affectées par le vih/sida. Cette activité a été organisée par le MASPFA en collaboration avec le conseil national de lutte contre le sida (CNLS), à l’endroit des 7 cantons de la préfecture. Y ont pris part les chefs traditionnels, les leaders religieux, les organisations de base, les comités locaux de développement. Tous se sont engagés à défendre la cause des femmes en matière de lutte contre le vih/sida…

Le coordonnateur du CNLS, Vincent Pitche, remettant des exemplaires de la loi aux bénéficiaires

La main droite levée, les leaders communautaires et religieux ont promis de respecter et faire scrupuleusement respecter les dispositions de la loi portant protection des personnes en matière de vih (loi n° 2010/018 du 31 décembre 2010 modifiant la loi n° 2005/012 du 14 décembre 2005). Chacun a reçu un lot d’imprimés de la loi pour sa cellule, composée de cinq (5) membres. Pour les seize cantons que compte la préfecture, 16 cellules communautaires ont donc été installées. Ces comités sont désormais chargés de sensibiliser les populations de Zio pour un changement de mentalité et de comportement au respect des dispositions légales qui protègent les personnes en matière du VIH/SIDA surtout les femmes et les filles qui en payent le plus lourd tribut.
D’après le Professeur Vincent Pitche, coordonnateur national du Conseil National de Lutte Contre le Sida (CNLS), les études ont montré en 2014 et 2020 que les femmes et les filles sont les plus touchées par le phénomène de stigmatisation et de discrimination (en 20200, 62% de femmes contre 24% d’hommes, augmentant ainsi leur vulnérabilité face à l’infection au vih).
Il a précisé que pour lutter efficacement contre le phénomène, un observatoire national été mise en place. Il mène des activités de sensibilisation des communautés, documente et prend en charge des cas avérés de stigmatisation et de discrimination.
Malheureusement, selon le coordonnateur du CNLS, « on observe encore des cas de femmes enceintes dépistées séropositives lors des consultations prénatales qui sont renvoyées de leurs foyers quand leur statut est connu, alors que les époux refusent de faire le test, des filles chassées de la maison familiale parce que infectées par le vih, », tandis que « certaines femmes doivent se cacher pour prendre les anti retro-viraux (arv), ou vont les prendre dans des centres éloignés de leur lieu de résidence par peur de la divulgation de leur statut. ». A ce tableau sombre s’ajoute « le refus de prendre en charge les enfants orphelins, l’exclusion des femmes des activités sociocommunautaires.», a-t-il ajouté , annonçant par la même occasion, l’élaboration prochaine d’un plan d’action dont la mise en œuvre impliquera les communautés, sur la base nouveau plan stratégique pour les années 2021.
Par cette activité, La direction de la famille et de l’éducation de la jeune fille a voulu contribuer aux côtés des communautés à la lutte contre l’ignorance des modes de transmission, en formant ces leaders sur la loi portant protection, la mission des cellules de veille, ainsi que les fondamentaux de la maladie, afin que ces leaders puissent bien gérer et régler les situations qui surviendront dans leurs localités respectives, en apportant à leurs communautés, la vraie information de même que des solutions légales appropriées.
Le directeur de cabinet du MASPFA, Koffi GANI, a appelé ces cellules à servir de « véritables lanternes au sein de leurs communautés en matière de respect des droits humains dans le cadre du vih/sida… » en apportant leur contribution à « l’atteinte des objectifs 3×95, c’est-à-dire 95% des personnes vivant avec le vih connaissent leur statut serologique,95% des personnes qui savent qu’elles sont séropositives reçoivent des arv et 95% des personnes qui sont sous traitement arv ont une charge virale indétectable. »
Au Togo, l’épidémie du VIH est de type généralisée avec une prévalence au sein de la population générale (15-49 ans) de 2,5% selon l’enquête EDST (2013-2014). La même étude montre que la prévalence du VIH est beaucoup plus importante chez les femmes de 15-49 ans (3,2%) que chez les hommes de la même tranche d’âge (1,7%). Selon les données de Spectrum 2019, le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) est estimé à 113 000 dont 65 000 femmes.
De même, plusieurs enquêtes révèlent que les femmes sont davantage victime des actes de stigmatisation et de discrimination en matière de VIH/SIDA. A titre illustratif, l’étude sur l’index de stigma au Togo réalisée en 2020 sous le leadership du CNLS/IST, a montré que, parmi les enquêtés qui ont déjà été victimes de refus d’un emploi ou ont déjà perdu une source de revenus ou un travail au cours des 12 derniers mois en raison de leur statut sérologique, 62,9% sont des femmes contre 24,2% pour les hommes.