LA MINISTRE ZINSOU-KLASSOU SONNE LA MOBILISATION A SOKODE

LA MINISTRE ZINSOU-KLASSOU SONNE LA MOBILISATION A SOKODE

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Retour à ses vieilles amours … Le jeudi 26 Septembre 2024 à Sokodé … Un ciel serein, auréolé de rayon doré du soleil, annonce un jour nouveau pour la préfecture de Tchaoudjo. Le lycée technique de Sokodé connait une animation particulière. L’ancienne prof d’histoire et Géographie du lycée moderne, la Ministre Kossiwa ZINSOU-KLASSOU a à cœur un message fort à partager avec la population pour mieux protéger les enfants, notamment contre la traite, un fléau qui sévit dans la préfecture.

« Bonne arrivée maman ! » et autres cris de joie ponctuaient l’accueil chaleureux réservé à l’hôte de marque, le tout agrémenté des chants et danses des organisations féminines, particulièrement fières d’accueillir leur ministre, la « ministre des femmes » …

« Je revis la même ambiance de solidarité d’il y a 20 ans ! », s’est exclamée de joie la ministre de l’action sociale de la solidarité et de la promotion de la femme. Puis, d’un air attristé, elle interpelle les consciences : « De 2016 à 2022, 9 633 enfants ont été victimes de traite, dont 4 488 cas de traite transfrontalière. Ce phénomène touche à des degrés divers, l’ensemble du territoire national, renforçant ainsi la vulnérabilité de nombreux enfants, en les privant de leurs droits les plus élémentaires à savoir : droit à la vie, au développement, à la scolarisation, aux soins et aux loisirs, … Parfois, c’est le pire qui survient ».

Plus loin, le ton est plus ferme ; la ministre en charge de la protection de l’enfant déplore : « Le drame, c’est que cela se passe parfois avec la complicité des proches … » A ce jour, on enregistre 60 condamnations sur 163 poursuites. D’énormes défis restent à relever.

D’abord, les victimes sont parfois réduites au silence, de peur de représailles, car les trafiquants sont de leur entourage. La peur qu’inspirent ces marchands d’illusion qui se font passer pour des bienfaiteurs soucieux de l’avenir des enfants, renforce l’ardeur des réseaux clandestins de passeurs.

« Ne gardons pas le silence pour préserver un quelconque honneur familial ; cela entraine souvent des récidives !», a averti la ministre. Pour faire délier les langues et empêcher de nouveaux cas de traite de personne, la ministre Kossiwa ZINSOU-KLASSOU a exhorté toute la population à appeler la ligne verte « allô 1011 » pour dénoncer tout mouvement suspect ou tout cas de maltraitance d’enfant.

Environ deux cents départs d’enfants victimes de traite enregistrés
par an dans la région malgré les mesures de prévention

Pour réduire l’ampleur du phénomène, l’arsenal juridique a été renforcé, érigeant la traite au rang de crime, en plus des accords conclus avec le Bénin, le Burkina et le Gabon, pays de prédilection.

Pour la seule région centrale qui compte cinq préfectures, deux d’entre elles sont une plaque tournante pour la traite, du fait de leur position stratégique : Mô (frontière avec le Ghana) et Tchamba (mitoyen avec le Bénin). De plus, Sokodé, le chef-lieu, est une ville hautement commerciale, donc potentiellement pourvoyeuse de main d’œuvre infantile bon marché. De ce fait, c’est un lieu privilégié où les enfants sont exploités à des fins économiques.

Dans cette zone à risque, les services techniques de protection de l’enfant dénombrent environ deux cents départs l’an, malgré la vitalité de leur synergie d’action avec les services de sécurité et la justice.

Le calvaire poignant des enfants victimes de traite

Les jeunes ruraux candidats au départ, naïfs, innocents, et attirés par le clinquant de la ville, sont souvent la proie facile de « démarcheurs » qui les détournent de leur objectif de scolarisation et de formation. Les trafiquants d’enfants leur font miroiter un eldorado imaginaire qui leur permettrait de gagner une vie meilleure, loin de leurs familles. Mais une fois à destination, c’est la désillusion, l’exploitation et parfois le pire.

Une jeune fille de 22 ans, en a fait l’amère expérience au Koweït. « Il n’y a pas de repos, … Vous travaillez 24h/24. A la fin du mois, le contrat n’est pas respecté ; la patronne vous donne ce qui lui plaît, … votre passeport est même confisqué. J’ai donc décidée de rentrer. Je conseille à mes jeunes sœurs de ne plus croire en ces trompeurs … », La victime raconte ses mésaventures, loin de ses parents, les larmes aux yeux. La précarité dans laquelle elle vivait l’a poussée, motivée par les promesses trompeuses des trafiquants, à se jeter dans cette aventure sans issue.

Menace sur la paix et la stabilité communautaire

L’enrôlement dans des groupes terroristes des enfants victimes de traite est un autre drame, l’épée de Damoclès sur la sécurité et la stabilité communautaire. En effet, les enfants pauvres, à la recherche de solutions de survie, se retrouvent parfois pris au piège, en devenant otages des groupes armés, exploités à des fins de renseignements et de travaux forcés, parfois même dans l’organisation des attaques contre de paisibles populations. La crise sécuritaire dans le Sahel et les menaces djihadistes dans l’extrême nord du Togo sont des terreaux fertiles à ce genre de menaces.

C’est d’ailleurs pourquoi le thème retenu pour cette campagne est : « Mobilisons-nous contre la traite des enfants pour une lutte efficace contre l’extrémisme violent ». Ce thème est assez révélateur à plus d’un titre, au regard des ramifications de la traite et de ses liens avec le crime organisé et l’extrémisme violent qui n’épargnent pas le Togo.

Appel à l’engagement de tout un chacun à lutter contre la traite des enfants

Lors d’un débat ouvert et public, chacun des acteurs a proposé ses pistes de solution pour endiguer la traite des enfants dans la région.

Un appel pressant a été lancé à toutes les forces vives de Sokodé et de ses environs. Autorités politiques, administratives, civiles et militaires, leaders religieux, organisations à base communautaire, coopératives et associations diverses sont tous conviés à maintenir la vigilance autour des enfants et à réactiver les comités de veille qui autrefois exerçaient efficacement dans les quartiers et les écoles, avec l’appui des chefs traditionnels.

Le président du conseil des chefs traditionnels de la région centrale a saisi la balle au rebond. Le vénéré Bodjo Ouro Agoro, chef canton de Kpangalam, a pris l’engagement de motiver davantage ses pairs à la sensibilisation, … D’autres leaders communautaires ont appelé à une parentalité responsable. Les enseignants de leur côté ont promis de continuer à tirer la sonnette d’alarme en classe.

Deux interventions ont battu le record des applaudissements ; elles émanent des élèves, à savoir : créer des entreprises dans le milieu pour « aider les jeunes à s’en sortir et ne plus être tentés de partir » et « dire aux papas et mamans d’enfanter moins ».

En effet, la complexité et la lourdeur des charges familiales poussent la plupart du temps les familles à sacrifier les aînés, obligés de partir en aventure pour aller gagner une supposée fortune afin de revenir aider leurs jeunes frères. Selon la ministre, « le gouvernement dit non à cette pratique hasardeuse » et s’engage à une meilleure coordination des actions de protection, la redynamisation du conseil consultatif national des enfants (CCNE) avec ses démembrements au niveau régional et préfectoral, de même que l’appui à l’insertion socioprofessionnelle des adolescents et des jeunes à risque de traite. Autant d’actes qui vont se poursuivre de concert avec la commission nationale de lutte contre la traite des personnes au Togo, les partenaires internationaux (UNICEF, l’OIM, Plan international Togo, Compassion International) et les organisations de la société civile. Avant Sokodé, cette campagne qui a démarré en 2018, s’est déroulée respectivement à Gboto (région maritime) et Anié (région des plateaux). Elle se poursuivra dans les autres régions avec le même credo : « Non à la traite des enfants ! » ; un slogan qui a déjà touché au total, près de cent mille (100 000) personnes dans ces trois localités.