Le village d’Adangbé, 10km au nord-est de Tsevie (préfecture de Zio) a accueilli une journée de réflexion sur les stratégies de lutte contre la pédopornographie, le vendredi 25 juin 2021.Cette activité a été organisée par le ministère de l’action sociale de la promotion de la femme et de l’alphabétisation et Compassion International, dans le cadre de la célébration de la journée de l’enfant africain. Le village d’Adangbé a été choisi à dessin pour avoir déjà été la cible de vidéos à caractère pornographique mettant en scène des enfants…
Jamais ce petit village au quotidien habituellement tranquille, n’avait connu autant d’agitation depuis que cette affaire a éclaté en mars 2021.Après la phase des investigations qui a permis d’appréhender les jeunes présumés auteurs (le cerveau de l’affaire est toujours en cavale ), place aux approches de solution .Pour les acteurs engagés en la cause de la protection et la défense des droits de l’enfant, il fallait une cure, un antidote pour délivrer ce paisible village de l’horreur qui s’est emparé de ses enfants et qui risque de les détruire si l’on n’y prend garde. La célébration de la journée de l’enfant africain, le 16 juin, est alors l’occasion propice, surtout que le thème de cette année recommande d’« accélérer la mise en œuvre de l’Agenda 2040 pour une Afrique Digne des enfants ,30 ans après l’adoption de la Charte ».
Par ce thème, le Secrétariat du Comité Africain d’Experts sur les droits et le bien-être de l’enfant invite tous les Etats-membres à célébrer cette journée en faisant le point sur la mise en œuvre de la Charte Africaine des enfants au cours des 30 dernières années en passant en revue les réalisations, les défis rencontrés et les perspectives.
Le Togo en ce qui le concerne, trois décennies après la mise en œuvre de la Charte, dispose d’un système de protection en permanente amélioration, avec un cadre juridique, judiciaire, programmatique et opérationnel renforcé. Malgré tous les efforts consentis, le chantier d’une meilleure protection de l’enfant reste encore vaste, tant que de nouveaux défis émergent.
Au rang de ces situations émergentes, on note l’exploitation sexuelle des enfants liée au mauvais usage des technologies de l’information et de la communication (TIC) et dont les enfants d’Adangbé ont été victimes.
Au bout des échanges entre les institutions étatiques (ministères impliqués), les partenaires techniques et financiers (compassion International, Unicef, Plan Togo ) et les acteurs locaux (Chefs traditionnels, leaders religieux directeurs d’écoles, organisations de jeunes, comités villageois de développement), une unanimité se dégage : l’exploitation sexuelle des enfants est une situation inacceptable contre laquelle il convient de s’attaquer sérieusement. Tous se sont engagés à renforcer la chaîne de collaboration pour endiguer définitivement le phénomène. Très amer, Togbui Eklan Tétégan II Chef du village d’Adangbé parle d’ « abomination » ; il a fait gongonner à maintes reprises pour avertir ses sujets du danger; les forces de sécurité quant à elles, mettent en garde les auteurs et commanditaires : « ils nous trouveront sur leur chemin » ; l’engagement des enseignants n’est pas des moindres : « nous leur disons tout le temps de se concentrer plutôt sur leurs études », confie une directrice d’école .Compassion international affiche la même détermination pour une société meilleure où l’enfant est « connu, aimé et protégé »,selon, Olivier AHONON, son directeur national. De son côté, le directeur général de la protection de l’enfance, Dr Kondoh KANDALE, a salué tous les acteurs et partenaires pour leur implication active dans la recherche de solutions durables à ce défi émergent, tout en rassurant au nom de la ministre en charge de l’action sociale les enfants et les parents de la disponibilité permanente du gouvernement à offrir un cadre beaucoup plus protecteur à tous les enfants.
En somme, cette journée de réflexion aura permis de répertorier les solutions endogènes au phénomène de la pédopornographie. Les leaders communautaires d’Adangbé ont promis de mobiliser davantage les populations sur les questions de protection des enfants et le bon usage des technologies de l’information et de la communication par ceux-ci.
Une feuille de route a été élaborée sur les actions à entreprendre au niveau communautaire pour lutter efficacement contre la pédopornographie .La vigilance reste est de mise partout : dans les écoles, les places publiques, les champs, les lieux isolés.
La charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant a été adoptée lors de la 26e conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation de l’unité africaine en juillet 1990. Elle est entrée en vigueur le 29 novembre 1999, après avoir reçu la ratification de 15 États, conformément à son article 47.
Cette convention s’applique à tout enfant de moins de 18 ans et lui garantit des droits, « sans distinction de race, de groupe ethnique, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’appartenance politique ou autre opinion, d’origine nationale et sociale, de fortune, de naissance ou autre statut, et sans distinction du même ordre pour ses parents ou son tuteur légal» (Article 3).