Chaque année, par la contrainte, la duperie, des milliers d’hommes, de femmes et surtout d’enfants sont victimes de la traite des personnes dans leur pays et à l’étranger où ils sont exploités par le travail, le sexe ou pour leurs organes. Presque tous les Etats sont touchés par ce crime contre l’humanité. Le Togo ne fait pas l’exception. Cette situation qui a des conséquences fâcheuses sur l’avenir des enfants met en péril les efforts des pouvoirs publics. Pour lutter contre ce phénomène, le Ministère de l’Action Sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation a lancé officiellement LA 4ème édition de la campagne nationale sensibilisation contre ce phénomène le 11 août 2022 à Gboto dans la préfecture de Yoto.
La déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies de 1948 dispose en son article 4 « Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes ». Cette déclaration marquait le point de départ d’un grand chantier entrepris par la communauté internationale pour offrir à tout être humain la chance de vivre en toute liberté et jouir de ses droits fondamentaux. Mais le développement de nouvelle forme d’esclavage a amené la communauté internationale à adopter en l’an 2000, la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, assortie d’un protocole visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes en particulier des femmes et des enfants, un protocole assez particulier qui interpelle sur la nécessité de protéger les groupes les plus affectés par ce phénomène, bien entendu, les femmes et les enfants. Selon les données d’un rapport sur la traite des personnes publiées en 2020 par l’ONUDC, 74 514 personnes victimes de la traite ont été recensées dans plus de 110 pays entre 2017 et 2018. Si l’on considère la seule année 2018, 1/3 environ de toutes ces victimes répertoriées étaient des enfants. Ceux-ci sont victimes d’exploitation et sont régulièrement détenus forcés à travailler ou privés de salaire.
Le Togo malheureusement n’est pas à l’abri du phénomène de la traite des enfants.
En effet, le tableau de bord sur la protection des enfants révèle qu’en 2016, 2 332 enfants étaient victimes avec 1 723 cas de traite transfrontalière et 609 cas de traite interne. En 2017, 1 075 enfants ont été victimes dont 607 cas de traite transfrontalière et 468 cas de traite interne, et en 2018, 732 victimes dont 441 cas de traite transfrontalière et 291 cas de traite interne. Ces chiffres sont suffisamment révélateurs de l’ampleur du phénomène. Les enfants sont encore plus susceptibles d’être victimes de la traite, dans un contexte où les conditions socio-économiques des familles sont exacerbées par la crise à la COVID-19, l’extrémisme violent et la guerre en Ukraine. Il s’avère donc nécessaire de poursuivre et d’accentuer les actions pour mettre un frein à cette pratique.
L’engagement du Togo dans la lutte contre la traite des enfants
L’engagement du Togo dans la lutte contre la traite des enfants s’est traduit notamment sur le plan international, par l’adhésion du pays aux divers instruments internationaux et régionaux aussi bien à portée générale sur les droits et la protection de l’enfant que spécifiques sur la traite des enfants.
Sur le plan national, cet engagement s’est traduit par l’adoption en 2005, de la loi relative au trafic d’enfants au Togo, suivi en 2007 de la promulgation par le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna GNASSINGBE, de la loi N°2007-017 portant code de l’enfant. Le renforçant du cadre juridique national a été aussi marqué par le nouveau code pénal de 2015 qui alourdit les sanctions contre les auteurs et complices de cette pratique.
De même, la Togo est partie à divers accords multilatéraux et bilatéraux avec des pays voisins pour mieux faire face à ce fléau dont la dimension transnationale prend de plus en plus de proportion. L’Accord multilatéral de lutte contre la traite des enfants en Afrique de l’Ouest, signé à Abidjan en 2005, l’accord de coopération entre le Gabon et le Togo en matière de lutte contre la traite des enfants signé le 25 septembre 2018 à New-York, l’accord tripartite de coopération en matière de protection des enfants en situation de mobilité transfrontalière entre le Togo, le Bénin et le Burkina Faso le 23 décembre 2019 en sont quelques exemples palpables. Par ailleurs, d’autres actions et mesures ont été prises telles que : la mise en place d’un système intégré de protection de l’enfant qui comporte la ligne verte « Allo 1011 » pour la dénonciation des cas et intervient entre autres dans la prise en charge d’urgence des enfants victimes de traite ; la mise en place d’un cadre de concertation des acteurs de protection de l’enfant pour renforcer la coordination des actions de protection des enfants ; la mise en réseau des acteurs sous régionaux de protection des enfants (Etats et OSC) pour le renforcement des actions de protection des victimes de la traite dans les pays concernés ; la mise en place d’un conseil consultatif national des enfants (CCNE) avec ses démembrements au niveau régional et préfectoral afin d’impliquer les enfants à la lutte contre les violations de leurs droits ; la mise en place d’une commission nationale de lutte contre la traite des personnes au Togo en 2021 ; l’appui à l’insertion socioprofessionnelle des adolescents et jeunes à risque de traite.
Concernant l’assistance aux victimes, il convient de noter que depuis 2012 une allocation au Ministère de l’Action Sociale, de la promotion de la femme et de l’alphabétisation permet la prise en charge et la réintégration familiale des enfants victimes.
Malgré ces efforts, le phénomène persiste et met à mal l’engagement du Gouvernement à le combattre sous toutes ses formes. En choisissant ce thème : « Mobilisons-nous contre la traite des enfants, ne gardons plus le silence », le Ministère de l’Action sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation entend renforcer ses interventions pour un changement de comportement et créer une synergie d’actions à travers la mobilisation communautaire autour de la lutte contre la traite des enfants au Togo.
Notons que le choix de Gboto est guidé par le souci de donner une priorité aux zones où le problème semble se poser avec acuité en vue d’amener les communautés elles-mêmes à s’investir davantage dans la lutte aux côtés du Gouvernement, de ses partenaires et des organisations de la société civile.
La Ministre de l’Action sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation madame Adjovi Lolonyo Apédoh-Anakoma a saisi cette occasion pour réitérer l’engagement du Gouvernement togolais à porter le message à tous les niveaux pour dire, « NON A LA TRAITE DES ENFANTS» et pour faire comprendre aux parents et à toutes les communautés, que la protection de leurs enfants leur incombe en premier lieu et qu’aucune violation de leurs droits ne saurait être tolérée, et le Gouvernement à travers le Ministère de l’Action sociale, de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation y veille.